
Plusieurs centaines d’arbres matures âgés parfois d’un demi-siècle ont été abattus ou sont sur le point d’être abattus sur notre territoire, notamment à Montreuil : rue Voltaire, porte de Montreuil et bientôt avenue Gabriel Péri.
Si personne ne nie que les arbres sont des organismes vivants, et qu’à ce titre ils contractent des maladies et peuvent mourir, faisant courir des dangers aux usagers de la rue, il faut veiller à ce que les abattages interviennent lorsque toutes les autres solutions ont échoué. Cela est d’autant plus nécessaire que les arbres sont nos meilleurs alliés dans la lutte contre le dérèglement climatique en stockant du carbone, en purifiant l’air, en créant de l’ombre, en préservant la biodiversité locale. Avant de se lancer dans des plans ambitieux de reforestation, et de communiquer autour des « chartes de l’arbre », il faut veiller à préserver les arbres existants car un jeune arbre est loin d’apporter les mêmes bénéfices qu’un arbre mature.
Et pourtant trop souvent encore dans la politique d’aménagement de nos villes, les arbres semblent être considérés comme une simple variable d’ajustement, vite sacrifiés pour laisser la place à plus de béton (250 arbres abattus pour des immeubles de bureaux porte de Montreuil) ou à des voiries rénovées et des réseaux d’assainissement modernisés (avenue Gabriel Péri). Les villes ont vite fait de mettre en avant les maladies des arbres pour justifier les abattages. Mais ces maladies sont souvent provoquées par les politiques aberrantes en matière de gestion du parc arboré : coupes mécaniques en rideau qui affaiblissent les arbres, absence de protection contre les chocs de voitures qui blessent les arbres et créent des portes d’entrée aux champignons et autres infections.
Dans le cas de l’avenue Gabriel Péri, un premier diagnostic phytosanitaire réalisé par le Département (car c’est une voie départementale) préconise l’abattage en raison de la présence d’armillaires et de conditions d’implantations inadaptées.
Fort heureusement, certain.e.s élu.e.s écologistes se mobilisent et n’hésitent pas à faire des pas de côté sur ces questions, y compris au sein des majorités auxquelles ils appartiennent. C’est le cas de la conseillère départementale Tessa Chaumillon, qui a écrit récemment au président Troussel (PS) pour réclamer un diagnostic complémentaire réalisé par un cabinet indépendant. Dans une affaire antérieure place de la Fraternité à Montreuil, ce diagnostic avait permis de relativiser la gravité de la situation et permis de sauver plusieurs grands arbres.
Suite à cette demande, un second diagnostic a été réalisé le 21 juillet qui montre que sur les 48 arbres, 38 ne sont pas malades mais seulement « fragilisés et abimés », sans nécessiter d’abattage. Seuls deux arbres sont à abattre d’urgence. Or on apprend maintenant qu’un abattage de la totalité des arbres est prévu le 22 août, en plein coeur de l’été! Face à cela, les riverains se mobilisent, et Pierre Serne, conseiller municipal EELV (d’opposition) va déposer un recours au tribunal administratif.
Mobilisons-nous pour éviter que l’irréparable soit commis dans les jours qui viennent! Pour apporter votre soutien et vous engager dans l’action vous pouvez écrire à : sauvonslesarbres@gmail.com
Voici le texte de la lettre de Tessa Chaumillon à Stéphane Troussel:
« Monsieur le Président,
Je souhaite par la présente vous faire part de mon inquiétude quant à un nouvel abattage d’arbres prévu à Montreuil, le long de l’avenue Gabriel Péri. Sur les 64 arbres qui composaient initialement cet alignement de marronniers d’Inde, 19 ont déjà été abattus en 2020. L’abattage des 45 arbres restants est prévu pour la fin de cette année.
Si un diagnostic phytosanitaire réalisé en 2019 a conclu que la qualité de ce patrimoine arboré était médiocre et a amené à prescrire l’abattage de l’ensemble de ces arbres, je souhaite aujourd’hui que soit réalisée une actualisation de ce diagnostic. L’abattage d’une telle quantité d’arbres anciens n’est jamais anodin, encore plus à l’heure où le dérèglement climatique fait craindre une saison estivale des plus extrêmes en termes de températures. L’abattage de chaque arbre ne peut intervenir que si aucune autre solution n’est possible.
Vous connaissez les apports liés à la présence d’une couverture arborée la plus importante possible dans notre territoire très dense et fortement bétonisé : création d’îlots de fraicheur, apport d’ombre, développement de la biodiversité urbaine, création de trames vertes dans nos villes. Ces apports ont d’ailleurs justifié l’adoption en juin 2020 de notre Plan Canopée 2020-2030 et un an plus tard celle d’une Charte d’engagement pour les arbres de la Seine-Saint-Denis.
Au regard des éléments exposés, je souhaite que soit étudiée la possibilité de réaliser un diagnostic phytosanitaire indépendant de chacun de ces arbres de l’avenue Gabriel Péri, avant toute décision d’abattage. Dans le cas où la nécessité de cet abattage serait confirmée après un nouveau diagnostic, je souhaite que soit garantie la replantation d’une quantité supérieure d’arbres, et selon des conditions d’implantation permettant à ces arbres une croissance de longue durée, en termes de disposition, d’essence des arbres choisis, de dimension des fosses, de situation par rapport aux aménagements urbains voisins et de dispositifs de protection.
Dans l’attente de votre retour, recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sincères salutations.
Tessa Chaumillon »